La difficulté d’accès à l’eau potable dans certains quartiers de la commune de Port-Bouët n’est plus un secret pour personne. Pour pallier ce déficit, l’ONEP (Office National de l’Eau Potable) distribue périodiquement de l’eau potable aux ménages de Gonzagueville, Jean-Folly, Adjouffou et bien d’autres quartiers où le manque d’eau se fait de plus en plus sentir. Ce jeudi 19 janvier 2023, ce sont les populations du carrefour Mobibois à Jean-Folly qui ont reçu la visite du camion-citerne transportant le précieux liquide.
Aussitôt alertées, les populations majoritairement composées de femmes sont sorties avec des récipients tels que des bassines, des barils, des cuvettes, des seaux, des bidons pour les exposer au bord de la rue. A l’aide d’un tuyau raccordé à la citerne d’une capacité de 20 000 litres, chacun et chacune était servi à tour de rôle. Le nombre important de personnes à satisfaire donne l’impression d’assister à une bagarre, car personne ne veut retourner à la maison avec son récipient vide. Un spectacle incroyable mais vrai en pleine capitale.
Si ce soulagement momentané étanche un tant soit peu la soif des riverains, force est de reconnaitre qu’il ne résout pas le problème de pénurie d’eau dans ces quartiers modestes qui ne sont d’ailleurs pas les seuls Abidjan à souffrir de cette situation.
Visiblement, cette action de l’ONEP visant à apporter un ouf de soulagement aux populations suscite paradoxalement plus d’indignation que de joie. Et pour cause, les riverains veulent plutôt bénéficier des branchements sociaux afin d’avoir de l’eau chez eux en permanence. Ceux qui sont déjà abonnés à la SODECI (Société de Distribution d’Eau en Côte d’Ivoire) avec des compteurs d’eau dûment posés veulent enfin voir jaillir l’eau des robinets installés depuis belle lurette et qui sont jusque-là désespérément secs.
En pareille circonstance, la réaction des populations ne se fait pas attendre. « On fait des abonnements et on n’a pas d’eau. Cette eau que vous nous distribuez, on va la boire pendant combien de jours ? Pensez-vous que nous sommes des sous hommes ? », Se plaint Kanon Daniel, habitant de Jean-Folly. Yao Richard, un autre riverain visiblement exaspéré abonde dans le même sens. « Pour moi, venir nous distribuer de l’eau n’est pas la solution. Ceux qui sont partis au travail obtiennent de l’eau comment dans cette opération de distribution d’eau ? », S’interroge-t-il. « Au lieu de transporter de l’eau pour venir nous distribuer, il faut plutôt connecter nos compteurs d’eau au réseau hydraulique pour qu’on ait de l’eau à tout moment. C’est tout ce qu’on demande. On s’est abonné pour ça » a martelé pour sa part madame Alao, une ménagère du quartier Jean-Folly, la cinquantaine révolue.
Espérons qu’une solution définitive et durable soit trouvée dans un bref délai pour endiguer cette situation de pénurie d’eau dans ces quartiers de Port-Bouët. Une situation qui n’a que trop duré.
GEROGES KOUASSI
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